Quelle(s) alternative(s) avons-nous ?
Essayons le mini-STX ! ! !
Après avoir monté de nombreux PC à base de Moyennes Tours, je me suis offert un mini-PC Beebox-S 7200U (Asrock) l’an dernier, qui me paraissait à la fois une solution discrète et performante pour mes usages bureautique et vidéo.
J’ai eu rapidement des soucis avec cet appareil “fanless”, au point que je me suis fabriqué un petit meuble doté d’un ventilateur de boitier pour le refroidir.
Ça a plutôt bien marché… pendant deux ou trois mois 😕 . En fait, j’ai eu de plus en plus de ralentissements, de blocage de souris, de temps infini pour accéder à des pages Web dans mon navigateur, et puis finalement des freezes et des BSOD.
Je n’ai pas compris tout de suite l’origine de ces dysfonctionnements récurrents. Je les ai d’abord imputés à Windows 10 Home, ou plus exactement au clonage de mon ancien système pour le mettre sur ce nouvel appareil. J’ai donc acheté à très bas coût une version Windows 10 Pro sur eBay (ou sur Amazon je ne sais plus), et un nouveau SSD Crucial de 500 Go à un prix de braderie, et j’ai installé un OS tout propre sur ma Beebox. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cela n’a rien arrangé, bien au contraire ! Les dysfonctionnements ont redoublé.
Lassé de Windows 10 que de toutes façons je n’aime pas, à l’ergonomie discutable (dès qu’on dépasse l’utilisation qu’en peut faire Mme Michu), et à la politique de pistage Microsoft, j’ai donc récupéré un “vieux” SSD de 120 Go (trop juste quand on utilise Windows), je l’ai posé dans la Beebox, et j’y ai installé Ubuntu 17.10.1. Car entretemps, je m’étais rendu compte que les avertissements selon lesquels les processeurs Kaby-lake de génération 7 ne pouvaient fonctionner qu’avec Windows 10 n’étaient qu’une information tendancieuse de Microsoft pour tenter d’imposer son OS, relayée en cela par les sites commerciaux (LDLC…) ! En fait, quand Microsoft prétend qu’il faut Windows 10 quand on a un processeur Kaby-Lake, cela veut seulement dire qu’on ne peut pas utiliser les versions précédentes de Windows… mais que rien n’empêche d’utiliser des distributions Linux par exemple, qui surpportent très bien Kaby-Lake !
Ça a incroyablement bien marché… deux jours 😐 . Et puis de nouveau les blocages et les redémarrages intempestifs. J’ai fini par comprendre que cela ne venait pas du software…
De fait, un tour dans l’UEFI m’a bien montré que la prise en charge de mes SSD (un au format 2.5″, un autre au format M.2) devenait aléatoire, par ex. Et quand j’arrivais à lancer le système, j’avais un emballement incroyable du CPU, capable d’atteindre les 100 % d’utilisation sans aucune application active…
D’autres signes m’ont convaincu que les problèmes hardware étaient la conséquence, à la longue, de la surchauffe de mon appareil, qui résistait de moins en moins longtemps à son utilisation basique, sans même parler de tâches exigentes. Bien sûr, il n’est pas exclu qu’un composant majeur lâche prématurément. Il suffit de se renseigner sur les taux de pannes des composants pour le savoir, et moi en plus je dépanne souvent amis et voisins, ou usagers de l’EPN. Mais je suis convaincu que le mauvais refroidissement de l’appareil a usé prématurément le CPU, et peut-être d’autres composants.
Sur un PC “normal”, j’aurais évidemment testé chacun de mes composants pour repérer le ou lesquels déconnai(en)t. Le problème d’un appareil de type NUC, c’est qu’il n’est pas démontable, et que le processeur est soudé à la carte-mère.
J’ai donc racheté un nouveau mini-PC, en le choisissant sur la base de deux types d’exigences : le soin accordé au refroidissement de l’appareil, et la possibilité de transférer les composants non fournis dans le kit de ma Beebox vers le nouvel appareil. J’ai fini par choisir le Cubi 3 silent 004BEU de MSI. Voici l’appareil :

Le MSI Cubi 3 7200 U
C’est une solution fanless comme la plupart des mini-PC qu’on trouve sur le marché, mais on voit sur l’image le radiateur qui émerge juste sous le “couvercle” pour évacuer la chaleur sur ses 4 faces.
Pour la comparaison, on voit sur cette image la face arrière de mon ancienne Beebox, seule face disposant d’une grille d’évacuation d’air.

La Beebox-S 7200 U
Mais en fait, ce n’est pas tant l’extraction que l’arrivée d’air qui pose problème : la grille d’entrée d’air est en-dessous et mesure 8.5 x 6.5 cm, ce qui serait bien… si le disque 2.5″ n’était pas quasiment collé sur cette grille ! Pas étonnant que que l’appareil étouffe, malgré mon bricolage pour lui apporter de l’air…
Désolé pour la mauvaise qualité de ma photo, mais elle permet quand même de comparer l’aération de la Beebox (à gauche) et du Cubi 3 (à droite) : le support du SSD (non installé pour qu’on voie bien) montre comment le SSD va boucher pratiquement la grille d’arrivée d’air sur la Beebox, contrairement au Cubi 3.
Alors, si vous achetez cette jolie petite boîte, contentez-vous d’y mettre un SSD au format M.2, qui laissera réellement respirer votre mini-PC, et suffisamment peut-être pour éviter la surchauffe…
J’ai réutilisé sur mon nouveau mini-PC les composants non fournis avec le kit : les barrettes de mémoire, les SSD aux format 2.5″ et M.2. Pas de soucis de ce côté-là, ils n’avaient pas souffert. Comme on le voit sur cette image, le Cubi 3 est plus gros que la Beebox, ce qui facilite le placement des composants, et améliore la circulation d’air.
J’ai posé mon SSD 2.5″ devant les appareils, pour qu’on se rende mieux compte des tailles :
Beebox-S | 118.5 | 110 | 46 |
Cubi 3 Silent | 159.6 | 111 | 65 |
On le voit, le MSI dépasse les “canons” habituels des NUC. Le Cubi 3 Silent pèse aussi nettement plus lourd (1.275 Kg) à cause du radiateur et du boîtier métallique, alors que la Beebox (450 g) a un boîtier en plastique pas très rigide (si on appuie sur le “couvercle”, il se passe la même chose que si on appuie sur le bouton marche-arrêt : il s’allume ou s’éteint 😮 ).
Naturellement, j’ai surveillé les températures comme du lait sur le feu ! En le posant, comme son prédécesseur, sur le ventilateur de mon bureau spécial. Alors clairement, ça ne chauffe pas du tout !
À mon grand soulagement… quoique !
Je suis tombé – mais trop tard ! – sur le test d’un site que j’aime beaucoup, Minimachines, qui fait une critique sévère de mon nouvel appareil : ses performances sont bridées pour éviter toute surchauffe ! Un peu perturbé, j’ai cherché à savoir ce qu’on disait sur le Net de cette pratique de “thermal throttling” pour empêcher le processeur de dépasser une valeur limite, très inférieure à celle que le CPU peut normalement encaisser. Il semblerait que ce ne soit pas une pratique nouvelle chez MSI. Quant à y remédier, il n’y faut pas compter, car le BIOS/UEFI livré avec l’appareil est incroyablement pauvre en réglages, et ne permet pas de désactiver le throttling. Un des commentaires de l’article résume au fond le souci : “on paye un Core i5 et on a les perfs d’un Core i3”.
Ce que je peux dire, c’est que pour l’instant mon Cubi 3 Silent fonctionne parfaitement, et qu’il reste en deça de 40°, donc loin de la valeur limitative du throttling fixé par MSI à 55°. D’accord, le boîtier reste posé sur le ventilateur externe de mon bureau spécial, et je compte l’y laisser (puisqu’inaudible). Et je ne l’utilise pas pour du gaming, ni d’ailleurs pour des tâches particulièrement lourdes : pour cela, j’ai d’autres bécanes à ma disposition.
Alors en guise d’épilogue, je dirai qu’il vaut mieux un mini-PC bridé qu’un mini-PC foutu, et que je n’aurai d’ailleurs à subir aucun bridage dans l’usage que j’en fais !
Mais bon : c’est une solution de remplacement, qui ne durera qu’un temps, j’imagine. Déjà, les portables ont statistiquement une durée de vie diminuée d’un tiers par rapport aux PC de bureau. Alors j’imagine bien que ces nouveaux appareils que sont les NUC risquent de toutes façons de durer encore moins longtemps.
Je commence donc à réfléchir à une autre solution, moins radicale que le NUC, mais quand même moins encombrante que les tours ATX, tout en offrant la possibilité de combiner sa propre configuration, et de permettre le remplacement des composants au fur et à mesure de ses besoins et de l’évolution technique, comme pour les PC de bureau.
Deux candidats pour ce profil :
- le mini ITX, avec une carte-mère 17 x 17. C’est un format éprouvé, avec une offre certaine, qui permet de monter une config aussi puissante que l’on veut dans un boîtier Mini Tour. Mais un mini tour, c’est quand même presqu’aussi encombrant qu’une moyenne tour !
- le mini STX, avec une carte-mère 14.7 x 14. C’est un format plus récent, avec une offre très réduite pour l’instant. On a cette fois un boitier pas beaucoup plus gros que certains NUC “améliorés” (type Akasa), avec le même système d’alimentation externe 19 V. En gros, on a un boîtier de la taille d’une alimentation ATX…
L’offre actuelle propose malgré tout des composants courants : carte-mère socket LGA 1151, chipsets H110… On peut y mettre des processeurs Intel de 6è ou 7ème génération, du Celeron à l’i7, mais au format U (par ex. i5 7260U), et des barrettes mémoire DDR4, au format So-DIMM. Même le ventirad fourni avec le processeur Intel rentre normalement dans le boîtier, et d’autres ventirads sont envisageables avec de meilleures perfs.
On n’a donc plus ici la limitation imposé par les barebones NUC d’un processeur BGA, autrement dit soudé à la carte-mère, et d’une config presqu’entièrement figée, à part la RAM et le stockage, tels qu’ils sont vendus sous forme de “kits”.
Voici un tableau de comparaison des différents facteurs de forme des cartes-mères, pour situer les cartes-mères NUC et mini-STX par rapport aux formats plus traditionnels :
Malgré tout, il faudra se méfier de la tendance des fabricants à proposer une offre plus ou moins complète, par ex. l’Asrock DeskMini110 (155 x 155 x 80), ou le Silverstone SST-VT01 ou 02, ou l’ASUS H110S, qui proposent des configs presque complètes, dont les composants sont étudiés pour leur machine, certes, mais qui laissent peu de choix au client. Comme les NUC, quoi !
Il faudra aussi se méfier de la pérennité de l’offre de mini-STX, assez expérimentale : y aura-t-il une clientèle suffisante pour justifier une production dans la durée, et suffisamment fournie ? Les fabricants, d’ailleurs, lancent un autre format, le micro-STX, … et que le meilleur gagne, si l’un ou l’autre est capable de se créer une niche face aux NUC. D’autant plus que d’autres types de machines, à l’origine fondées sur les architectures ARM/raspberryPy, se lancent dans la compétition, par ex. les UDOO. Mais là, on est sur un public DIY/geek bricolo.
Ce qui me plait dans ces formats mini/micro STX, c’est leur modularité, et la possibilité de monter une config puissante, avec ventilation pour garantir la durabilité. Je pense que, sauf pour un usage hors salon (en coordination avec la télé), pour la bureautique lourde, le multitâche, le graphisme, le gaming surtout, le mini-STX semble bien mieux adapté que le NUC, qui d’ailleurs s’oriente de plus en plus massivement vers le fanless, pour offrir un confort… dangereux !